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Les guides de pêche

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Le voyage d’André Fiot

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Actualités

La saison 2023 commencera très bientôt et tous les espoirs sont permis pour qu’elle soit à la hauteur des attentes de tous les amateurs de pêche au saumon. Nous sommes impatients de vous rencontrer et vous souhaitons la meilleure des saisons!

L’Équipe

L’équipe est composée de 21 personnes toutes dévouées à faire en sorte que votre séjour soit le plus agréable possible!

Le directeur général
Denis Duteau

Adjointe à la direction
Huguette Bouchard

Chef d’équipe aux infrastructures et aux équipements
Georges St-Laurent

Coordonnatrice aux ventes et réservations
Anne Gendron

Destination Chic-Chocs

Préposé aux ventes et réservations

Guillaume Chenel

Guides de pêche au saumon

Gilbert Gagnon
Réjean Pelletier
Renaud Pelletier
Samuel Tremblay
Myranie Lepage-Gagnon
Manuel Beauvais
Steve Whiting

Archives Destination Chic-Chocs

Préposés aux activités terrain
Éric Martin
Éric Ouellet
Vincent Marquis
Yves Pelletier (assistant à la protection)
Richard Ducasse (assistant à la protection)

Préposées à l’entretien ménager
Kathleen Lussier
Cathy Vienneault                    Sandra Robinson

Coordonnateur du service alimentaire au Pavillon du Petit-Saut
Jean-François Lemieux

Jérôme Charest

Préposé au service alimentaire au Pavillon du Petit-Saut
Tommy Landry

Notre mission

Développer socio-économiquement la région dans un concept de développement durable, en mettant la priorité sur la promotion d’activités qui respectent ou favorisent le développement du potentiel des ressources naturelles dans une perspective d’harmonisation et de durabilité de toutes les activités humaines. Protéger et gérer la durabilité des ressources naturelles par le respect de la biodiversité et de la précarité de certaines espèces. Promouvoir et défendre les intérêts socio-économiques locaux et régionaux par rapport à l’exploitation et la mise en valeur des ressources naturelles.

Notre Vision

Destination Chic-Chocs identifie son rôle dans l’avenir en étant un moteur de développement socioéconomique important auprès de la communauté locale. Par sa transparence, son professionnalisme et sa reconnaissance, l’organisme sera un partenaire modèle du milieu. C’est en se fixant des normes de qualité élevées et en offrant des services professionnels dans le domaine du récréotourisme à valeur ajoutée que l’organisme deviendra la référence dans ce domaine en Gaspésie. L’organisme continuera à promouvoir et défendre l’intérêt des usagers de la faune et de la flore vis-à-vis les autres groupes d’intérêts. Enfin, l’organisme deviendra un incontournable et sa reconnaissance comme organisme de premier plan dans le domaine du récréotourisme à valeur ajoutée sera reconnue tant au niveau local, provincial qu’international.

Nos valeurs

  • Importance de développer socioéconomiquement la Haute-Gaspésie.
  • Confiance en la capacité du milieu local à promouvoir et à développer socioéconomiquement la Haute-Gaspésie.
  • Importance de travailler en partenariat avec tous les intervenants du milieu : citoyens, commerçants, élus, représentants étatiques, etc.).
  • Importance de développer de façon durable : durabilité des environnements sociopolitiques, financiers et naturels.
  • Importance de respecter l’environnement naturel (faune/flore/eau/air/sol).
  • Importance de protéger les ressources naturelles.
  • Croyance au potentiel de développement du récréotourisme durable dans la région.
  • Confiance en la capacité du milieu local à exploiter d’une manière durable les ressources naturelles.
  • Désir de promouvoir et de défendre les intérêts locaux en regard des différentes problématiques se rapportant au développement socioéconomique et à l’exploitation des ressources naturelles.

LES GUIDES DE PÊCHE

LA PETITE HISTOIRE DES GUIDES SUR LA RIVIÈRE SAINTE-ANNE

Selon certaines sources, c’est probablement Henry Hogan qui est l’instigateur du mode de pêche avec embarcation et guides. Ce métier sur la rivière Sainte-Anne date donc aux environs des années 1880. C’est le groupe de travailleurs le plus important en nombre et par rapport aux tâches qu’ils doivent accomplir. C’est sur eux généralement que repose le succès ou l’échec d’une excursion de pêche et on les choisit pour leurs connaissances approfondies de tous les recoins de la rivière et des habitudes des saumons qui la fréquentent, ainsi que pour leur habileté à manœuvrer les embarcations lors des excursions de pêche.

À l’époque de Maurice Wertheim (1935 à 1950), les guides sont au nombre de huit (8) et forment quatre (4) équipes de deux (2) membres et chacune de celles-ci conduit une embarcation où prend place un pêcheur. Le cours de la rivière Sainte-Anne est divisé en deux sections, dont le point central est la fosse Sérénité, et deux équipes de pêcheurs descendent ou remontent une de ces sections pendant une journée pendant que les deux autres équipes pêchent dans l’autre section de la rivière.

Le travail de guide est très exigeant sur le plan physique. Il faut « gauler » (pousser avec une perche de bois d’une dizaine de pieds armée d’une pointe de fer à une extrémité) à contre-courant, pour faire avancer l’embarcation avec un pêcheur à bord et être très habile pour empêcher cette embarcation de chavirer ou la maintenir en arrêt. Le plus pénible dans la fonction de guide est le harcèlement constant auquel ils sont soumis par les mouches noires ou autres moustiques et contre lesquels ils n’ont aucune huile ou crème. Seul un petit fumoir rustique leur permet d’éloigner un peu ces indésirables et assurer un certain répit aux guides et pêcheurs pour qu’ils s’exécutent dans l’art de la pêche à la mouche au saumon.

Les guides doivent être prêts de bonne heure le matin avec tout le matériel requis pour l’excursion de pêche, mais ce n’est que vers 9 ou 10 heures que s’effectue le départ de l’excursion. Sur l’heure du midi, un temps d’arrêt marque une pause pour le pêcheur, toutefois les guides sont tenus d’allumer un feu, de préparer le repas du ou des pêcheurs, et de remettre tout en ordre avant la reprise de l’excursion de pêche. Il arrive que ces excursions se prolongent jusqu’à la tombée du jour, vers 8 heures du soir.

Les guides travaillent à raison de six (6) jours par semaine, soit du lundi matin au samedi soir. Le dimanche est le seul jour de repos dont ils disposent et qu’ils prennent pour remplir leurs obligations religieuses.

Le salaire des guides est un peu plus élevé que celui des gardiens mais la durée de l’emploi est très courte, tout au plus 6 à 8 semaines. Au temps des Wertheim, plusieurs invités se sont succédé pour taquiner le saumon sur la rivière Sainte-Anne et, généralement satisfaits de leur expérience, ils récompensent les guides en nature avec de l’alcool et autres denrées, ou avec de généreux pourboires monétaires.

Une affaire de famille…

Une des plus célèbres familles de guides de pêche au saumon sur la rivière Sainte-Anne est la famille Pelletier. Réjean, qui guide actuellement, représente la cinquième génération. Le premier fut Olivier, le deuxième, Achille, le troisième, Achille, le quatrième, Raymond et le cinquième, Réjean.

La famille Gagnon est également reconnue pour la compétence de plusieurs de ses membres dans la pêche au saumon. Le duo des frères Jacques et Gilbert Gagnon a guidé un nombre impressionnant de clients dans les 40 dernières années.

Nos guides de pêche en canot en 2023

Jacques ayant pris sa retraite il y a quelques années, Gilbert Gagnon fait maintenant équipe avec Samuel Tremblay, un jeune à qui il fait profiter de sa très vaste expérience! Se joint à cette équipe Manuel Beauvais qui profitera lui aussi de l’expertise de Gilbert!

Bien qu’ils ne soient pas parents, la paire de guides nommée « Les Pelletier » se compose de Réjean, dont il a été question plus haut et de Renaud. Ils travaillent ensemble depuis près de quarante ans! C’est tout un contrat de mariage! En grande primeur et pour la première fois, une guide, Myranie Lepage-Gagnon, se greffera à l’équipe des Pelletier! Nul doute qu’elle y apportera un petit vent de jeunesse et d’enthousiasme!

Nos guides de pêche à gué

Fort d’une expérience de plus de 50 ans, Steve Whiting aime faire profiter ses clients de ses nombreuses connaissances sur Salmo Salar! Toujours prêt à raconter des anecdotes, Steve connaît les rivières Sainte Anne, Cap-Chat et Madeleine comme sa poche!

Au cours de la saison 2022, un p’tit nouveau dans la vingtaine, s’est greffé à l’équipe de guides à gué. Vincent Marquis bénéficie de l’expérience de plusieurs de nos guides pour étayer la sienne. 

Volet historique

Une grande histoire de pêche…la Sainte-Anne! Avec photos

La rivière Sainte-Anne est un des joyaux que constituent les rivières à saumon de la Gaspésie. « La Sainte Anne », comme on l’appelle, s’étend sur 70 km de son embouchure bordant le fleuve St-Laurent jusqu’au lac Sainte-Anne plus au sud. Cette rivière coule vers le nord aux pieds des hauts sommets des Chic Chocs et traverse le parc national de la Gaspésie. Cette situation géographique assure à « la Sainte-Anne » une eau de qualité exceptionnelle reconnue pour sa limpidité et sa fraîcheur.

Le saumon de l’Atlantique fréquente la rivière jusqu’à la chute Sainte-Anne à 50 km en amont et colonise quelques tributaires. La présence du saumon de l’Atlantique dans « la Sainte-Anne » a été une des principales raisons ayant justifié la création du parc national de la Gaspésie. Effectivement, un des quatre objectifs de base était « d’assurer la conservation constante du saumon de la rivière Sainte-Anne ».

La pêche au saumon est pratiquée sur la Sainte-Anne depuis des siècles. Jusqu’à la moitié du 19e siècle, la pêche servait à la subsistance des autochtones et des européens ayant colonisé la Gaspésie. De 1870 jusqu’en 1967, le contrôle de la pêche sur la Sainte-Anne fut cédé par le gouvernement québécois successivement à de riches particuliers et à des clubs privés. L’établissement des « concessions privées » sur les rivières à saumon au 19e siècle répondait à un besoin de protection de la ressource et fut facilité par l’émergence en tant que loisir, de la pêche sportive dans la communauté d’origine anglo-saxonne d’Amérique du Nord.

Les informations diffèrent à ce sujet, mais selon certains, c’est en 1870 que la rivière Sainte-Anne fut pour la première fois « louée » à un certain Henry Hogan, hôtelier de Montréal. Il en possèdera les privilèges jusqu’en 1904. À partir de là se succèderont un groupe d’hommes de Grande-Bretagne (pour la plupart des officiers) appelé le Sainte-Anne Fishing Club de 1905 à 1906; un dénommé Percy Chubb de 1906 à 1930; son neveu Hendon Chubb de 1930 à 1935; Maurice Wertheim de 1935 à 1950 et finalement son épouse Cécile Wertheim de 1950 à 1968.

En 1969, le gouvernement québécois reprend le contrôle de la pêche sur « la Sainte-Anne » et rend celle ci plus accessible au public. En 1993, dans un mouvement de délégation vers les milieux locaux et régionaux, le gouvernement confie la gestion de la pêche et de d’autres activités liées à la rivière Sainte Anne à un organisme du milieu local, l’Association Chasse et Pêche Gaspésienne Inc. de Sainte-Anne des-Monts, devenue Destination Chic-Chocs en 1999. Cette association pilote donc depuis près de 30 ans la restauration des habitats et des infrastructures, la protection de la ressource, la mise en marché de la pêche et la diversification des activités liées à la rivière Sainte-Anne. Ce travail s’inscrit entièrement dans une perspective de développement durable, c’est-à-dire qu’il favorise des activités et des interventions respectant la diversité et la durabilité des ressources naturelles.

Le voyage d’André Fiot

Si la façon de vivre au Québec et plus particulièrement en Gaspésie en 1930 vous intéresse, vous serez sans nul doute captivés par l’intégralité du récit que fit le Sieur André Fiot, un Français travaillant à Washington, de son aventure pittoresque et haute en couleur vécue à Sainte-Anne-des-Monts et dans l’arrière-pays sauvage!

Bonne lecture!

HISTORIQUE DE LA RIVIÈRE SAINTE-ANNE

Informations provenant d’archives du Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs

La région de la Gaspésie, et plus spécifiquement le territoire du parc de la Gaspésie, est un lieu riche par sa faune terrestre et aquatique. On y retrouve les trois grands cervidés de l’Est du continent, soit l’orignal, le caribou (le seul endroit au sud du fleuve Saint-Laurent où un troupeau subsiste) ainsi que le cerf de Virginie depuis le début du 20e siècle. Les rivières torrentielles sont l’habitat du saumon de l’Atlantique et de la truite de mer et les lacs fourmillent de truites rouges et mouchetées. Il est également important de savoir que la région Cap-Chat/Sainte-Anne-des-Monts n’est habitée d’une manière permanente par l’homme blanc que depuis le début du 19e siècle, et que cette population n’a pas été très importante pendant de nombreuses années.

La pêche sportive au saumon

Les villages de Cap-Chat et Sainte-Anne-des-Monts naissent au début du 19e siècle de l’activité de la pêche commerciale à la morue, au maquereau et au hareng. La première fois qu’il est mention de pêche sportive dans la région, c’est en 1870 sur la rivière Sainte-Anne et cela se rapporte à la pêche à la mouche au saumon. Rappelons que pour préserver de la destruction complète le saumon Atlantique, le gouvernement instaure une réglementation sévère, embauche des gardes-pêche et met en location l’exclusivité des droits de pêche sportive sur la plupart des rivières à saumon de la province de Québec. C’est en 1870 que la rivière Sainte-Anne est ainsi louée à un certain Henry Hogan, hôtelier de Montréal. Celui-ci vient régulièrement chaque année lancer ses mouches sur la rivière Sainte-Anne. Par ailleurs, la rivière Cap-Chat est à cette époque dans un état critique en ce qui concerne le saumon, celui-ci ayant pratiquement disparu en raison de l’érection d’un barrage obstruant le cours de la rivière et empêchant ainsi le saumon de se reproduire. Les droits de pêche au saumon de la rivière Madeleine appartiennent au propriétaire de la seigneurie Madeleine, soit M. Ross de Québec.

Les privilèges de pêche sportive au saumon de la rivière Sainte-Anne appartiendront successivement à Henry Hogan, 1870-1904, un groupe d’hommes de Grande-Bretagne, 1905-1906, Percy Chubb, 1906- 1930, Hendon Chubb, 1930-1935, Maurice Wertheim, 1935-1950, et Cécile Wertheim, 1950-1968. Les quatre derniers locataires sont des Américains habitant le nord-est des États-Unis. Le sport de la pêche à la mouche au saumon est généralement le fait d’une élite anglo-saxonne et néo-canadienne. La pêche au saumon se pratique du milieu de juin à la fin de juillet, six jours par semaine et parfois jusqu’à la tombée de la nuit. Pour permettre un certain repos aux guides et honorer le jour du Seigneur, il ne se fait généralement aucune pêche le dimanche. Dès 1870, les locataires des droits de pêche invitent régulièrement des amis et des connaissances à partager les merveilleuses sensations que procurent la pêche à la mouche au saumon. Ils ne sont jamais plus de quatre pêcheurs à la fois sur la rivière SainteAnne, se divisant alors en deux groupes pour arpenter l’aval ou l’amont de la rivière à la recherche des plus belles prises. C’est en canot à fond plat, surnommé « canot de Gaspé » que les pêcheurs se déplacent sur la rivière, menés ou conduits par deux guides expérimentés. Ceux-ci se tiennent aux extrémités des embarcations et gaulent avec puissance pour descendre ou remonter le courant de la rivière.

Pendant de nombreuses années, cette activité est surtout l’apanage d’étrangers, les résidents de SainteAnne-des-Monts oeuvrant à la surveillance et la protection des privilèges de pêche des locataires et guidant ces derniers lors de leurs nombreuses excursions. Ils reçoivent en contrepartie de ces services une rétribution convenable.
L’histoire de l’une des familles fondatrices de Sainte-Anne-des-Monts, la famille Pelletier surnommée les Rats Musqués, est intimement liée à l’histoire de la pêche sportive au saumon sur la rivière Sainte-Anne. C’est de père en fils pendant près d’un siècle que cette famille se transmet les secrets du saumon de la rivière Sainte-Anne et qu’elle guide consciencieusement les pêcheurs.

Madame Effie Bignell nous a laissé une merveilleuse description d’une excursion de pêche au saumon sur la rivière Sainte-Anne en 1906. Ainsi elle nous informe que « dans chaque embarcation prennent place un passager et deux guides et qu’il n’est pas rare qu’en franchissant des rapides les embarcations raclent le lit rocheux de la rivière. Les guides doivent alors sortir des canots et haler les embarcations avec les passagers. Les guides sont de robustes avironneurs qui pilotent les embarcations avec dextérité au sein des eaux turbulentes grâce à la propulsion des gaffes emboutées de métal lourd. Lorsque le pêcheur a arrêté son choix sur la mouche et que ses agrès sont en bon ordre, il se prépare au grand engagement. On entend alors le sifflement de la longue et fine ligne et en réponse aux manoeuvres artistiques du pêcheur, celle-ci virevolte tantôt vers l’arrière, tantôt vers l’avant, la mouche se retrouvant invariablement au même endroit. Après un combat royal avec le saumon, le pêcheur lance un signal vers le rivage et aussitôt un guide armé d’une gaffe saute à l’eau avec précaution. La sagacité des gestes du sportif et la dextérité de leur assistant sont un gage de succès et en quelques instants le gaffeur tient sa proie au bout du bras. On dépose le saumon sur le rivage où un seul coup lui est asséné sur l’arrière de la tête pour mettre fin au combat. »

La rivière Sainte-Anne a été une des premières rivières à saumon à être déclubée au Québec. C’est en 1968 que le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche prend entièrement à sa charge la gestion de la ressource « saumon » de cette rivière pour le plus grand plaisir des amateurs de pêche de la province de Québec.

La région nord de la Gaspésie

Nos recherches ne révèlent pas, à ce jour, qu’il y ait eu d’aussi importantes récoltes sur la ressource saumon dans les rivières Sainte-Anne ou Cap-Chat. Le plus ancien document qui établit le premier mode de pêche sur la rivière Sainte-Anne nous est parvenu grâce à la relation du voyage de l’Abbé Ferland en juin 1836 sur les côtes gaspésiennes. Il nous dit de cette pêche :

« armés de flambeaux, les pêcheurs sont en quête du saumon qui ordinairement remonte pour frayer dans la rivière, vers le milieu du mois de juin. Le temps de son arrivée est passé, et il n’en a pas encore été pris. Aussi on s’inquiète de cette circonstance, et, chaque soir depuis quelques jours, les pêcheurs viennent sonder de l’œil les fonds, où il a coutume de s’arrêter avant d’entrer dans la rivière Sainte-Anne. »

Comme nous le voyons, les premiers habitants de Sainte-Anne-des-Monts ont emprunté leur technique de pêche aux amérindiens et connaissent déjà les habitudes du saumon afin de le capturer facilement. Il est probable que la pêche au saumon, révélée ici, fut faite dans un but commercial, et pour répondre à des besoins personnels. Le dardage du saumon est même pratiqué par Sir William Logan lors de son expédition géologique en 1844, pour briser la monotonie de ces travaux. Il part ainsi avec ses hommes effectuer des excursions de pêche aux harpons et flambeaux dans le dessein de capturer du saumon sur la rivière Cap-Chat, pour s’en nourrir.

Jusqu’au milieu du 19e siècle, la pression de pêche effectuée sur le saumon dans les rivières Sainte-Anne et Cap-Chat est probablement peu importante, compte tenu de la faiblesse de la population locale et de l’éloignement des marchés. Seulement 37 familles habitent Sainte-Anne en 1836 et sept à Cap-Chat. La première famille résidente, celle de Jean-Baptiste Sasseville, ne s’est fixée définitivement à Sainte-Anne que vers 1815. On observe également durant cette époque que le moteur de l’activité économique de la région est la pêche (surtout à la morue). On ne coupe du bois et défriche la terre que dans le but de combler ses besoins personnels. C’est durant la décennie 1830, qu’une première compagnie, intéressée dans le commerce du poisson, s’installe à Sainte-Anne-des-Monts, la John Le Boutillier Company. Elle est mise sur pied par l’association de M. Buteau, marchand de Québec et de John Le Boutillier, seigneur de Sainte-Anne. Un peu plus tard, ce dernier, J. Le Boutillier, sera le seul propriétaire de cette entreprise et seigneur de Sainte-Anne-des-Monts. L’état de nos recherches nous permet d’avancer l’hypothèse qu’une pression de pêche de plus en plus forte est exercée sur la ressource saumon des rivières Sainte-Anne et Cap-Chat à partir de 1830 et s’accentue de plus en plus jusqu’au milieu du 19e siècle, mettant ainsi en péril la survie de cette espèce de poisson.

Inefficacité des premières actions de conservation.

Cette pression de pêche ne pouvait durer indéfiniment. Elle allait toujours en s’accentuant et atteignait certains secteurs qui avaient jusqu’alors été épargnés. Des personnalités telles que Richard Nettles ainsi que plusieurs officiers britanniques en poste au Canada, grands amateurs de pêche sportive au saumon, s’élèvent contre ces pratiques destructrices.

On cherche à réduire le nombre de permis de pêche commerciale au saumon, au début du 20e siècle, pour assurer la survie de l’espèce. On ne renouvelle pas les permis de ceux qui quittent la région de pêche ou au décès d’un détenteur pour ses héritiers s’il y en avait plusieurs, on ne renouvelle qu’un permis. Cette décision politique s’ajoute à une autre initiative des locataires des rivières à saumon qui rachètent, louent ou établissent des arrangements avec les pêcheurs commerciaux pour diminuer l’effort de pêche sur la ressource saumon. On retrouve de telles ententes sur la plupart des rivières à saumon du Québec, telle la Grande Cascapédia, la Grande Rivière, la Saint-Jean, la Cap-Chat et la Sainte-Anne.

Dans la première moitié du 19e siècle, la majorité du saumon capturé pour le commerce est salé et mis en barils. Le développement des communications, chemins de fer et navires à vapeur, réduit sensiblement le temps de transport et favorise l’avènement de nouvelles techniques de conservation du saumon, la mise en conserve et son entreposage dans la glace. Cette dernière technique, la mise en glace, se généralise vers 1870, puisque le pêcheur obtient de bien meilleurs prix pour son saumon frais à 23,25$ le baril comparativement à 16,00$ le baril pour du saumon mariné.

La situation régionale

Comme on l’a vu précédemment, la grande pression exercée sur la ressource saumon à Sainte-Anne-des-Monts, s’est effectuée probablement entre 1830 et 1858, année de la mise en force de la nouvelle réglementation. Pierre Fortin, surintendant des pêcheries nous livre cette description de la rivière Sainte-Anne en 1858.

« La rivière Sainte-Anne était très poissonneuse autrefois. Mais depuis quelques années, la quantité de poissons qui la fréquente a beaucoup diminué. C’est à peine maintenant s’il s’y prend de vingt à trente quarts de saumons. On doit sans doute attribuer cette grande diminution dans le produit de la rivière, à la mauvaise pratique qu’ont quelques gens à cet endroit d’aller à dix, vingt et même trente milles en haut de cette rivière pour prendre le saumon dans les fosses profondes où ce poisson se rend pour déposer ses œufs. »

En terminant, M. Fortin souhaite que la nouvelle loi sur le saumon saura mieux le protéger à l’avenir et évitera sa destruction dans les rivières Sainte-Anne et Cap-Chat. Déjà des citoyens, en 1858, veulent faire appliquer la réglementation, il s’agit de notables, soit Messieurs Rousseau, Dugas et Sasseville.

En 1860, lors d’une des premières visites de l’inspecteur des pêcheries du Golfe Saint-Laurent, celui-ci délivre trois permis de pêche commerciale au saumon à des pêcheurs de Sainte-Anne-des-Monts. Ceuxci ont établi leurs stations de pêche au saumon aux premiers rapides de la rivière où la marée cesse de se faire sentir, à deux milles environ de la mer. Au cours de la deuxième moitié du 19e siècle, le nombre de pêcheurs commerciaux au saumon est minime, Deux ou trois, et ce, pour toute la subdivision Sainte-Anne-des-Monts, qui comprend alors le territoire des rivières Cap-Chat, Sainte-Anne-des-Monts et Madeleine. Le nombre de prises de saumons demeure également limité.

L’histoire de la pêche sportive au saumon sur la rivière Sainte-Anne débute, selon nos plus anciens témoignages, l’année de la mise en application de la politique de location des rivières à saumon en 1871. Il est probable qu’avant ce temps des pêcheurs sportifs ont occasionnellement pêché le saumon dans cette rivière, mais nos recherches dans cette voie sont restées vaines. Ces premières années de pêche à la ligne sont enveloppées de mystère, seulement quelques bribes d’informations datant de 1872-73, nous sont parvenues à ce jour.

Le premier garde-pêche de la région, J.L. Létourneau, nous décrit cette première pêche à la ligne sur la Sainte-Anne, celle-ci dit-il (en parlant de la rivière) a été pêchée pour la première fois… ; on n’y a pris que 8 saumons dans l’espace d’une semaine. Ce mince succès est dû entièrement à des crues fortes et incessantes. L’effort de pêche demeure également restreint l’année suivante, bien que le garde-pêche nous dise qu’elle ait été meilleure que l’an dernier malgré les hautes eaux de la rivière et au fait que l’on a pêché que 4 jours.

C’est également cette source qui nous indique pour la première fois le mode d’exploitation de la pêche à la ligne sur cette rivière soit la location des droits et privilèges de pêche et il est probable que ce mode de gestion était en place depuis 1870. Par ailleurs nous ignorons tout de ce premier locataire, s’agit-il de la même personne qui détient les droits à partir de 1874, cela demeure une bonne hypothèse. De 1874 à 1996, la rivière Sainte-Anne connaît successivement cinq administrations, qui se divisent en trois grandes catégories, soit la gestion de la ressource saumon par le secteur privé par le biais de locataires de 1874 à 1968, par l’appareil gouvernemental (le Ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche) de 1968 à 1987, de la Société des Établissements de Plein Air du Québec de 1987 à 1992 et le milieu local (L’Association Chasse et Pêche Gaspésienne Inc.) de 1993 à 1999. Depuis 1999, l’Association Chasse et Pêche Gaspésienne est devenue Destination Chic-Chocs Inc. et gère toujours la rivière Sainte-Anne.

Les gestionnaires

Henry Hogan (1874-1905)

Il semble que Henry Hogan détienne des droits de pêche sportive sur la rivière Sainte-Anne depuis 1874 (et peut-être même à partir de 1870). Cette année-là, 1874, il acquiert le lot # 35 du rang ouest de la rivière Sainte-Anne et ce, le 19 septembre, soit probablement après la saison de pêche. Dès l’année suivante, le garde-pêche l’identifie comme étant la personne qui a loué le meilleur poste de pêche de la rivière. Cet énoncé révèle également la possibilité de locataires multiples des droits de pêche sportive pour cette période, laquelle se renforce lorsque nous apprenons du garde-pêche, que M. Hogan ne pêche pas en 1875 et qu’on capture à la ligne 69 saumons.

Nous avons cependant la certitude qu’à partir de 1885, M. Henry Hogan est l’unique locataire des droits de la rivière et qu’il paie à ce moment-là, au gouvernement du Québec, un loyer de 230$. Il conserve l’exclusivité de ce privilège jusqu’à sa mort, lequel devient la propriété de ses héritiers. C’est également à la même époque, 1883-85, que Henry Hogan acquiert les droits de pêche à la ligne de la rivière Grand Pabos pour lesquels il paie une rente ou loyer de 80$ annuellement.

Il conserve les droits sur cette rivière jusqu’en 1887, année où il les vend à J.R. Wilson. Le loyer alors exigé par le gouvernement se monte à 400$ annuellement. Suivant le tableau ci-dessous, Henry Hogan n’aurait pas abusé de ses droits de pêche sur cette rivière que l’on disait pourtant bien peuplée de saumons, au moment de son acquisition par celui-ci.

Monsieur Henry Hogan est un important hôtelier de Montréal. Il possède lui et sa famille, depuis 1850, le luxueux hôtel St-Lawrence Hall et il en demeurera propriétaire jusqu’à sa mort. Il se marie à deux reprises probablement avec les deux soeurs Sadie et décède le 9 octobre 1902. Sa veuve Margaret Sadie hérite alors de ses biens, et vend au Sainte-Anne-des-Monts Fishing Club, dûment incorporé, le 16 décembre 1904, la propriété du lot # 35 du rang ouest de la rivière Sainte-Anne avec « the building and improvement there erected and… including camp, equipments… » pour la somme de 375$.

Monsieur Hogan vient pêcher mais de façon très irrégulière sur la rivière Sainte-Anne et pour des périodes de temps très variables, et avec plus ou moins d’invités. La principale réalisation de M. Henry Hogan est d’avoir fait construire un camp, au Plaqué Maison, d’avoir institué probablement le mode de pêche avec embarcation et guides, d’avoir probablement nommé la plupart des fosses de la rivière et d’avoir contribué à un certain redressement de la population de saumons dans la rivière en rachetant un certain nombre de permis de pêche commerciale au saumon dans la région de Sainte-Anne-des-Monts.

Le Sainte-Anne-des-Monts Fishing Club

Au sujet de ce club, il regroupe les lieutenants-colonels Louis-Edward Starkey, Thomas Randle Starkey, Arthur Henry Starkey, le capitaine William Henry Lambton, tous d’Angleterre, ainsi que Charles Henry Bulwer Caldwell d’Irlande. Il est important de signaler que c’est l’unique locataire à membres multiples qui détiendra les droits de la pêche sportive dans toute l’histoire de la rivière. Ce club conserve la propriété des droits de pêche de la rivière que pour une seule saison de pêche, soit celle de 1905, vu qu’il les a acquis en décembre 1904, et les revend en juin 1906.

La vente de location du droit de pêche sportive subit une augmentation considérable, de 500$ que le gouvernement exige en 1899, on atteint la somme de 1500$ en 1905. Pendant le peu de temps que ce club détient les droits, il construit le magnifique « Camp Serenity » qui sert de résidence ou « club house » au locataire de la rivière et à ses invités. Les employés guides ou gardiens, habitent alors dans la vieille résidence construite par M. Hogan sur les berges des fosses Plaqué Maison et fosse aux fers qu’on désigne par l’appellation de « Camp house for boatmen ».

Percy Chubb (1906-1935)

C’est au début de la saison de pêche 1906 que Percy Chubb, un important courtier de la compagnie d’assurance Lloyd de New-York, achète les droits de la rivière Sainte-Anne. Dans l’acte de vente, on nous révèle l’existence de plusieurs bâtiments et lot de terrains : « parcel of land generally know by the name Fosse à fer Camp » (d’une dimension de 134 acres) « Lot # 35 rang ouest with the club house and other building and improvement… » « and all camps boats any improvement including a fishing rights on the frontage to the river and house for boatmen ».

Les édifices dont on parle dans cet acte, sont probablement tous des constructions rustiques, en bois rond, montées pièce sur pièce, probablement du même genre que ceux du Petit Sault. La plupart de ces édifices sont aujourd’hui disparus, ils ont tous sans exception brûlé lors du grand feu de 1959.

Percy Chubb, aux dires de certains citoyens de Sainte-Anne-des-Monts qui l’ont connu, était un passionné de la pêche sportive au saumon. En plus des droits de pêche de la rivière Sainte-Anne, il détient les droits sur la rivière Cap-Chat de 1907 à 1913 inclusivement pour lesquels il paie une redevance de 150$ à 200$ annuellement et pendant la même période, il acquiert l’exclusivité des droits de pêche sur tout le territoire arrosé par la rivière Sainte-Anne pour la modique somme de 160$. Nous pensons également qu’il fut un amateur de chasse.

Percy Chubb décède à bord du train qui l’amène à Sainte-Anne-des-Monts, le 14 juin 1930, aux environs de Drummondville. Selon son testament, c’est son neveu Hendon Chubb qui hérite de la majorité des avoirs, dont les propriétés et privilèges concernant la rivière. Aux dires de citoyens de Sainte-Anne-des-Monts ayant connu Hendon Chubb, celui-ci n’était pas un passionné de la pêche au saumon et négligeait cette activité.

Maurice Wertheim (1935-1968)

Le 2 octobre 1935, Hendon Chubb vend à Maurice Wertheim pour la somme de 7500$ tous ces droits de propriété et privilèges relatifs à la pêche sportive sur la rivière Sainte-Anne. Cet acte de vente comprend l’achat du lot # 31 rang ouest sur lequel se trouve le camp de la fosse à fer ; le lot # 35 rang ouest sur lequel est bâti le club house (camp Serenity) ainsi que d’autres constructions, les droits de pêche sportive sur la rivière ainsi que les diverses ententes de location des droits de pêche des propriétaires des lots 6, 7, 8, 9, 10 et 11. Maurice Wertheim est un important homme d’affaires de la ville de New-York où il œuvre selon nos informations, surtout dans le domaine immobilier, possédant entre autres, quelques édifices importants dans cette ville. Tout comme Percy Chubb, Maurice Wertheim est un passionné de la pêche au saumon et il consacre beaucoup de temps et d’argent pour satisfaire cette passion. Il est probable que celui-ci vienne à chaque année pêcher le saumon quelques semaines avec un groupe d’amis, mais il demeure l’unique locataire des droits de la rivière. Du nombre des invités de Maurice Wertheim, le plus prestigieux est le Général Marshall qui serait venu durant la deuxième Guerre Mondiale. C’est également vers la même époque que Madame Cécile Berlage Wertheim est initiée pour la première fois à l’art de la pêche au saumon sur la rivière Sainte-Anne. Il est à remarquer que cette dame n’était pas mariée lors de ces premières visites et qu’elle parle couramment le français. Elle épouse Maurice Wertheim, quelques années plus tard, et celui-ci à son décès, le 23 mai 1950, lui lègue tous les droits et propriétés relatifs à la pêche à la mouche sur la rivière Sainte-Anne.

Madame Cécile B. Wertheim assume la gestion de la rivière Sainte-Anne de 1950 à 1968. Toutefois il semble qu’à partir de 1957, un club se soit constitué regroupant quelques amis afin de répartir probablement les frais, les charges et les obligations relatives à la pêche au saumon sur la rivière Sainte-Anne. C’est Madame Wertheim qui préside les destinées de ce club et demeure selon nos informations, la seule et unique locataire de la rivière et que ce club n’existe que par sa volonté.

Les plus importantes réalisations du couple Wertheim à Sainte-Anne-des-Monts sont la mise sur pied d’une pisciculture en 1947, et son fonctionnement jusqu’en 1965, lequel est assuré par Olivier Pelletier. De plus, cette famille achète ou loue plusieurs droits de pêche au saumon tant sportifs que commerciaux, et érige la plupart des bâtiments présents actuellement au Petit Saut. Sous la direction du couple Wertheim, une quinzaine de personnes de Sainte-Anne-des-Monts trouvent une occupation rémunératrice saisonnière. Les emplois se répartissent ainsi : un agent d’affaires ou représentant, un chef-guide ou surintendant, 8 guides pour la saison de pêche, 4 gardiens de rivière, un pisciculteur, une cuisinière, un ou deux domestiques. Il nous faut également souligner qu’à chaque saison de pêche, le couple Wertheim est accompagné à Sainte-Anne-des-Monts d’un secrétaire ou majordome.

Un sous-ministre du M.T.C.P., L.A. Richard, estime en 1958 à près de 50,000$ les dépenses annuelles effectuées par Mme Wertheim, pour améliorer les conditions de la pêche, pour garder ses camps en bon état et pour recevoir ses amis. Elle paie également un loyer de près de 4000$ au gouvernement provincial pendant toute cette période à l’exception des années de guerre où le loyer est réduit substantiellement à 2900$. Le dernier bail signé en 1966, entre le M.T.C.P. et Mme Wertheim établit à seulement 100$ le loyer annuel des privilèges de pêche sportive de la rivière, vu la volonté gouvernementale de reprendre la gestion de la ressource saumon sur cette rivière, l’état de cette ressource, les infrastructures existantes payées par Mme Wertheim et qui deviendront propriété du gouvernement à l’expiration du bail et les coûts de main-d’œuvre assumés par le locataire. Ce dernier bail réduit également le territoire locatif de la rivière, le M.T.C.P conserve ainsi les droits de pêche pour la section comprise entre la fosse Malcom et du Grand Plaqué, et l’offre en priorité aux pêcheurs qui habitent l’hôtellerie du Gîte du Mont-Albert.

Mme Wertheim quitte définitivement Sainte-Anne-des-Monts en 1968, laissant derrière elle une très bonne image.

Les guides

C’est le groupe de travailleurs le plus important en nombre, et par rapport aux tâches qui leur sont dévolues. C’est sur eux généralement que repose le succès ou l’échec d’une excursion de pêche et on les choisit pour leurs connaissances approfondies de tous les recoins de la rivière et des habitudes des saumons qui la fréquentent, et pour leur habileté à manoeuvrer les embarcations lors des excursions de pêche. C’est probablement le premier locateur des droits de la rivière, Henry Hogan, qui utilisa le premier des guides lors de ses excursions de pêche, et transmet à ses successeurs ce mode de pêche particulier. À l’époque de Maurice Wertheim, ils sont au nombre de 8 et forment quatre équipes de deux membres et chacune de celle-ci conduit une embarcation où prend place un pêcheur. Le cours de la rivière Sainte-Anne est divisé en deux sections, dont le point central est la fosse Serenity, et deux équipes de pêcheurs descendent ou remontent une de ces sections pendant une journée pendant que deux autres équipes pêchent dans l’autre section de rivière.

Le travail de guide est un travail très exigeant sur le plan physique, il faut « gauler » (pousser avec une perche de bois d’une dizaine de pieds armée d’une pointe de fer à une extrémité) à contre-courant, pour faire avancer l’embarcation avec un pêcheur à bord et être très habile pour empêcher cette embarcation de chavirer ou de la maintenir en arrêt. Le plus pénible dans la fonction de guide est le harcèlement constant auxquels ils sont soumis par les mouches noires ou autres moustiques et contre lesquels ils n’ont aucune huile ou crème pour les éloigner. Seul un petit fumoir rustique leur permet d’éloigner un peu ces indésirables et assurer un peu de répit aux guides et pêcheurs pour qu’ils s’exécutent dans l’art de la pêche à la mouche au saumon.

Les guides doivent être prêts de bonne heure le matin avec tout le matériel requis pour l’excursion de pêche, mais ce n’est généralement pas avant 9 ou 10 heures le matin que s’effectue le départ de l’excursion. Sur l’heure du midi, un temps d’arrêt marque une pose pour le pêcheur, toutefois les guides sont tenus d’allumer un feu, de préparer le repas du ou des pêcheurs, et de remettre tout en ordre avant la reprise de l’excursion de pêche. Dépendant du tempérament des pêcheurs, de la température, du succès ou non de la pêche, il arrive que ces excursions se prolongent jusqu’à la tombée du jour, vers 8 heures du soir. C’est à raison de 6 jours par semaine que les guides s’exécutent soit du lundi matin au samedi soir, le dimanche étant le seul jour de repos dont ils disposent et qu’ils prennent pour remplir leur obligation religieuse. Le salaire des guides est un peu plus élevé que celui consenti aux gardiens mais la durée de l’emploi est très courte, tout au plus 6 à 8 semaines. Au temps des Wertheim, plusieurs invités se sont succédé pour taquiner le saumon sur la rivière Sainte-Anne et généralement satisfaits de leur expérience, ils gratifient les guides en leur donnant des récompenses en nature comme de l’alcool ou de généreux pourboires monétaires.

Le personnel secondaire

En plus des travailleurs employés à garder ou à guider sur la rivière, les locataires recrutent dans la population locale, pour la saison de pêche, une cuisinière pour leur faire à manger ainsi qu’à leurs invités et un ou deux domestiques pour oeuvrer à l’entretien ménager des bâtiments. Ce sont ces derniers qui préparent les bâtiments avant l’arrivée des locataires en les nettoyant de fond en comble et qui voient à ce que tout soit bien remisé à la fin de la saison de pêche. (On suspend tous les meubles avec des cordes fixées au plafond, pour contrer les petits rongeurs qui les détériorent). Au temps des Wertheim, ceux-ci ont mis sur pied une pisciculture de saumons et ont à cet effet engagé M. Olivier Pelletier et son fils de 1947 à 1965 pour bâtir et s’occuper de la pisciculture. Ceux-ci recevaient de la pisciculture de Gaspé quelques milliers d’alevins de saumons au printemps de chaque année et les soignaient et nourrissaient jusqu’à ce qu’on relâche les petits saumons dans la rivière Sainte-Anne.

Les locataires des droits de pêche sportive au saumon contribuent également à l’économie régionale en achetant divers effets des marchands locaux, meubles, articles de quincaillerie, aliments, etc. De plus, chaque année au temps des Wertheim, ceux-ci achetaient d’artisans locaux une quantité appréciable de boîtes de bois servant au transport du saumon, et loue les services de citoyens de la région pour transporter les pêcheurs, le saumon ou d’autres effets, de Sainte-Anne-des-Monts à Matane où il y a une gare de chemin de fer et ce, régulièrement pendant toute la saison de pêche.

Les pêcheurs

Les pêcheurs de saumons qui ont défilé sur la rivière Sainte-Anne durant toute la période du club privé, se divisent en deux principales catégories, soit les locataires des droits de pêche au saumon ainsi que leurs invités. Nous ne connaissons presque rien sur ce dernier groupe, si ce n’est qu’ils furent très nombreux à venir pêcher sur la rivière Sainte-Anne. Ces invités pêcheurs provenaient des plus hautes classes de la société américaine, tant militaire, gouvernementale qu’industrielle, et que malheureusement la mémoire collective de nos témoins a oublié leur nom, à l’exception d’un ou deux, tel le Général Marshall venu pendant le deuxième guerre mondiale. La perte des registres et dossiers relatifs au club de pêche de M. et Mme Wertheim, lors du grand feu en 1959, rend la tâche impossible de connaître plus en profondeur ces privilégiés venus taquiner le saumon sur la rivière Sainte-Anne.

En ce qui concerne les pêcheurs locataires, à l’exception de Hendon Chubb (1930-1935), tous étaient d’excellents pêcheurs et avaient une très grande passion pour ce sport. Pour trois d’entre eux, Henry Hogan, Percy Chubb et Maurice Wertheim, seule la mort mit un terme à cette passion saisonnière. Tous les locataires investirent temps et argent pour améliorer les conditions de pêche sportive au saumon sur la rivière Sainte-Anne et assurer la conservation du saumon. Ce sont eux qui fixent la plupart des règlements concernant la pêche au saumon, soit la technique employée, le nombre de pêcheurs journaliers, les quotas de prises, la période de pêche sportive effective, le gouvernement se contentant d’émettre des restrictions sur la pêche sportive au saumon, sur la manière dont elle doit être exercée (à la mouche seulement) et la période au cours de laquelle elle est permise.

Comme les locataires pêcheurs détiennent l’exclusivité des droits de pêche au saumon et qu’ils ont la priorité pour le renouvellement de tels privilèges, ils ont intérêt à bien gérer la ressource saumon et d’assurer la survie de cette espèce. Un journal des captures de saumons est fidèlement tenu où est consigné le nom du pêcheur, l’endroit de la capture ainsi que le poids et la longueur de chaque saumon. Au terme de la saison, un rapport complet sur les résultats de la pêche sportive au saumon est expédié au gouvernement avec les résultats des inventaires des géniteurs présents dans la rivière.

Sous le contrôle des Wertheim, la période de pêche sportive s’échelonne généralement du 24 juin au 31 juillet de chaque année et s’exerce seulement du lundi au samedi. Il n’y a jamais plus de quatre pêcheurs à la fois sur la rivière et ils sont toujours accompagnés de guides, et chaque section de la rivière n’est sillonnée que par deux pêcheurs quotidiennement. Des quotas de prises sont fixés à 10, 5 ou 3 saumons quotidiennement par pêcheur, tout dépendant de l’état de la ressource saumon dans la rivière SainteAnne. À regarder certaines photographies des résultats de pêche dans les années 1940 et 1950, il se faisait à ces époques, de très bonnes pêches, le pêcheur réussissant à atteindre un nombre de captures impressionnant quotidiennement. Pour terminer, disons qu’il y a eu au temps du club privé, de véritables artistes du lancer ainsi qu’une vaste connaissance des habitudes du saumon et de l’utilisation des différentes mouches.

Au temps du club privé, le saumon capturé en quantité, sert à nourrir les locataires, les invités ainsi que le personnel du club, avec d’autres espèces de poissons capturés comme la truite de mer. Sur le site du camp Serenity, il y avait même un fumoir établi par Percy Chubb, dans lequel une petite quantité de saumons était fumée. Les plus beaux spécimens sont mis dans les boîtes de bois dans lesquelles on y dépose de la glace et sont expédiés à des amis lointains par train à partir de Matane. Comme les résultats de la pêche étaient autrefois fort satisfaisants, il arrive que les locataires Percy Chubb et M. et Mme Wertheim distribuent à la population de Sainte-Anne-des-Monts, régulièrement, quantité de saumons amochés ou détériorés par le combat royal que se sont livré pêcheur et saumon, par la gaffe ou par les rets des pêcheurs commerciaux.

 

VIDÉOS – ARCHIVES

Emplois

Ce qui nous distingue!

La descente en canot dans le secteur Amont de la rivière Sainte-Anne date du début de la pêche sur la rivière et possède une notoriété certaine ainsi qu’une saveur historique et nostalgique très appréciée de ceux qui en ont fait et en font encore aujourd’hui l’expérience. Pour effectuer cette descente en toute sécurité quelles que soient les conditions d’eau, la dextérité des guides mais aussi la qualité des canots doivent être irréprochables. C’est la raison pour laquelle en 2005, deux de nos employés ont fabriqué nos propres canots totalement adaptés à la rivière. Le résultat final fut impressionnant! Deux magnifiques canots de 26 pieds de longueur pouvant accueillir confortablement deux guides et deux pêcheurs et entièrement faits de façon artisanale. Les photos ci-dessous vous permettront d’apprécier tout le travail nécessaire à leur fabrication jusqu’au résultat final!

Conseil d’administration

Le conseil d’administration se compose actuellement de 6 personnes bénévoles qui ont à cœur le développement de la pêche au saumon de la rivière Sainte-Anne dans une optique de protection de la ressource et de qualité de l’expérience de pêche. Certains des membres du conseil sont en poste depuis plus de 20 ans! En voici la composition:

  • Christian Cyr, président
  • Guy Fraser, vice-président
  • Noël Émond, secrétaire
  • Christian L’Italien, administrateur
  • Francine Dupuis-Girard, administratrice
  • Diane Thibault, administratrice

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